Jean-Claude Valla :
Ledesma Ramos et la Phalange Espagnole 1931-1936


Références : Les Cahiers Libres d’Histoire n°10, Editions l’Aencre, 2002, 17 euros.

Résumé éditeur : Contrairement à une idée reçue, la Phalange, créée en octobre 1933 par José Antonio Primo de Rivera, n’a pas été le premier mouvement espagnol à se réclamer du national-syndicalisme. Ce néologisme apparaît en 1931 dans les colonnes de “La Conquista del Estado”, un hebdomadaire lancé le 14 mars de cette année-là par Ramiro Ledesma Ramos et trouve son expression politique, en novembre, dans les Juntas de Ofensiva National-Sindicalista (JONS), nées de la fusion des “phalanges” de “La Conquista del Estado” et des Juntas Castellanas de Actuacion Hispanica d’Onésimo Redondo. Ramiro Ledesma et Onésimo Redondo ont, l’un et l’autre, vingt-six ans, la même volonté d’en découdre avec les fossoyeurs de l’Espagne, la même audace, le même intransigeance, le même refus des valeurs bourgeoises, mais pas tout à fait les mêmes idées, ni surtout les mêmes convictions religieuses. Fils d’un modeste instituteur de village, Ledesma Ramos est un disciple de Spengler et de Nietzsche, mais aussi d’Auguste Comte. D’où sa méfiance à l’égard de l’Eglise. D’une vaste culture et d’une inteligence exceptionnnelle que lui a reconnue le grand philosophe Ortega y Gasset, il a renoncé à une brillante carrière universitaire pour se lancer dans l’action révolutionnaire, parce qu’il croit comme Georges Sorel, son autre maître, en la veleur régénératrice de la violence. Redondo, lui, fils de paysans castillans, est un catholique pratiquant, révulsé par la politique anticléricale de la IIème République, conservateur sur le plan des moeurs, mais farouche partisan de la réforme aigraire. Après la fusion des JONS et de la Phalange espagnole en février 1934, Ledesma Ramos va réussir à exercer une influence déterminante sur José Antonio, son aîné de deux ans, amenant ainsi cet aristocrate à rompre peu à peu avec les préjugés de son milieu social et à se démarquer totalement du conservatisme. Malgré une brouille de quelques mois, ils se réconcilieront avant que l’Espagne ne plonge dans la plus terrible des guerres civiles, et tomberont tous les deux en martyrs, à quelques semaines d’intervalle.

Mon avis : Pour son dixième “Cahier Libre d’Histoire”, Jean-Claude Valla continue son travail de synthèse hors des sentiers battus. Cette fois il s’intéresse au national-syndicalisme (sujet primordial pour tous les militants qui à juste titre considèrent que le combat social et le combat identitaire forment un tout cohérent et indissociable) et divise son livre en six parties : Avant-Propos, Aux sources du national-syndicalisme, “Por la Patria, el Pan y la Justicia”, Un Grand d’Espagne, La Phalange du sang, Un fascisme de gauche? Ramiro Ledesma Ramos est une figure emblématique de ces combattants européens qui se sont battu contre vents et marées en gardant le cap, un cap juste. Si bien sûr différents sites amis et publications amies ont pu proposer des synthèses pertinentes sur la vie et le combat de Ledesma Ramos comme sur la Phalange Espagnole, cet ouvrage propose des pistes beaucoup plus complètes, tout en se centrant sur l’essentiel et en refusant de se perdre en digressions inutiles. Le résumé-éditeur et les titres des grandes parties vous donnent une idée précise ; la lecture de ce petit ouvrage (une centaine de pages) paraît indispensable à tous ceux n’ayant pas les bases solides de formation sur la question (et souhaitant les acquérir) et propose suffisamment de notes explicatives et de pistes bibliographiques à ceux qui souhaitent approfondir. Si la forme n’est pas de la haute-littérature, nous nous contenterons avec grand plaisir du fond (qui est l’essentiel dans le cas qui nous intéresse) qui est passionnant.

Y.D.